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  3. L'interview de Victoria Hislopauteur de Ceux qu'on aime


Victoria Hislop

Âge : 60 ans

Signe particulier : Tout comme ma fille, j'ai un petit tatouage de ruche d'abeille sur mon poignet. Ça nous fait penser l'une à l'autre, et puis il nous rappelle le pouvoir du féminin, un élément important pour nous deux.

Trait de caractère : Je suis perfectionniste. J'aime que chaque chose soit à sa place dans mon environnement, cela me rend peut-être difficile à vivre, mais je ne me sens bien qu'entourée de certaines couleurs, pareil pour la lumière ou encore la température de la pièce où je me trouve. Mais si tout cela est juste, comme il le faut, je suis heureuse et productive.

Diplômée de littérature anglaise, Victoria Hislop a connu d’emblée un énorme succès avec son premier roman L’île des oubliés. Elle nous parle à bâtons rompus, notamment de son dernier ouvrage, Ceux qu’on aime.

 

Dans votre œuvre, il y a une forte continuité thématique et géographique, mais vous multipliez les personnages, les points de vue, les émotions, les ‘secrets’, à tel point que vous touchez tout autant au cœur de l'âme humaine.

Merci pour le compliment. Pour moi les personnages (leurs émotions, leurs secrets, etc.) forment l'élément essentiel de mon écriture. Et en effet, la Grèce constitue la trame de fond récurrente de mes romans, mais je me concentre surtout sur la manière dont les gens vivaient à l'époque que j'aborde.

Comment construisez-vous ce délicat équilibre entre l'Histoire concrète et le récit de vos personnages ? Entre les ‘faits’ et le psychologique ?

Je débute toujours – bien entendu – par des recherches historiques très approfondies. En général j'y consacre deux ans : je passe de bibliothèques en service d'archives, d'interviews en visite de lieux clés de mon récit, je consulte également des photos et documentaires… Ensuite, à la fin de ce processus, je mets toutes ces informations sur le côté, et je laisse les personnages émerger et prendre corps, l'aspect historique devient la trame de fond. Je me mets à la place des protagonistes qui vivent dans l'instant ‘présent’, qui ne savent pas ce qui va leur arriver. Ils sont constamment dans une sorte d'était d'innocence. C'est là que se situe la difficulté : que ce soit crédible.

Avez-vous une ‘méthode’, une discipline particulière d'écriture ?

Oui ! Je suis très organisée. Je suis toujours derrière mon bureau vers 9 heures du matin, et j'écris toute la journée. Je bois plein de café le matin, et je passe au thé l'après-midi (mâcher du chewing-gum m'aide à me concentrer). Lorsque je suis dans le processus de rédaction d'un roman, je me fixe un quota de 1000 mots par jour. Je m'efforce à toujours atteindre ce but, même si une partie de ces écrits ne sera pas retenue au final.

"Lors du processus de rédaction d'un roman,
je me fi xe un quota de 1000 mots par jour."

 

Comment naissent vos récits? Plutôt une idée ou alors un fait historique (par exemple ici le poème de Epitáfios, de Yannis Ritsos), dans lequel vous plongez votre sensibilité et vos personnages ? Ou n'y a-t-il pas de début ‘type’ ?

Pour chaque roman que j'ai écrit, l'inspiration m'est venue de lieux précis. De là découlent mes premières recherches et la trame narrative. Dans le cas de Ceux qu'on aime, j'ai été intriguée par la vision – de loin – de l'ancienne prison située sur l'ile de Makronisos. Du coup j'ai commencé à lire des textes à propos des communistes qui y furent emprisonnés, et le pourquoi de cet exil. Les recherches à propos de la Guerre Civile en Grèce m'ont fait remonter à l'époque de l'occupation Nazi, etc. Le récit a pris de l'ampleur, et présent et le passé se sont connectés. Les ‘lieux’ possèdent une âme, une personnalité, et forment un point de départ essentiel dans mon travail : Spinalonga dans L'île des oubliés, la maison de Federica Garcia Lorca pour Une dernière danse, le mémorial juif de la Plathia Emeftheria (Thessaloniki) pour Le fil des souvenirs, Famaguste dans La ville orpheline

Vos récits abordent les notions de Bien et de Mal sans jugement, vous cherchez la nuance plutôt que le manichéisme facile, l'universalité plutôt que la subjectivité…

Je préfère clairement la nuance… Je pense que l'humanité constitue une manne de complexité. Nous réagissons de bonne ou de moins bonne manière face aux situations auxquelles nous sommes confrontés indépendamment du fait que nous soyons bons ou mauvais… sauf dans le cas de personnalités au profil psychopathe, tel que Tasos Makris dans Ceux qu'on aime ou Markos dans  La ville orpheline. Le meilleur et le pire cohabitent en nous, Themis – par exemple – prend part à des actes d'une grande cruauté dans Ceux qu'on aime. Elle n'est pas une sainte. Pour moi c'est la manière dont elle gère au fil du temps cette conscience du passé qui m'intéresse, et la rend ‘réelle’, enfin je l'espère.

La construction de Ceux qu'on aime, que ce soit au niveau de la temporalité, de la multiplicité des points de vue, apporte également un sentiment d'universalité à votre récit.

Pourtant la période historique que je décris et les circonstances qui en découlent sont très spécifiques. La chaîne d'événements désastreuse qui mène finalement à la dictature des colonels, une succession de mauvaises décisions, et de mauvais hommes (dictateurs sans pitié, leaders pleutres, coups d'états militaires…) sont propres à la Grèce et lui ont donné cette histoire tellement spécifique.

Que représente la Grèce pour vous ?

La Grèce c'est la beauté, mais aussi beaucoup de déchirures…

La Grèce fascine par son impact philosophique, son histoire très ancienne… mais pensez-vous que son histoire récente et son identité culturelle soient réellement comprises en-dehors des frontières du pays?

Beaucoup de gens associent la Grèce uniquement à ses monuments, à ses Dieux mythiques et à leurs aventures, à ses philosophes antiques, à des principes tels que la démocratie… mais il y a un grand écart entre la Grèce ancienne et celle d'aujourd'hui. Personnellement je m'intéresse plus à l'histoire récente, celle qui a défini la Grèce actuelle, à ses conséquences et à ce qui pourrait changer dans le futur. Des millions de touristes viennent passer des vacances en Grèce pour la beauté de ses paysages, pour son climat ensoleillé, ses vins, sa cuisine… Pour beaucoup d'entre eux, il est aisé de glisser sur cette surface. Moi, je dois plonger sous la surface et peut-être montrer le passé récent sous une lumière qu'un visiteur assis en bord de mer ou dégustant une retsina en terrasse de taverne ne verrait pas nécessairement.

Récit fleuve, véritable saga historique de près de 500 pages, Ceux qu'on aime constitue-t-il un livre ‘somme’ pour vous ? Est-ce aussi une manière de rassembler lieux et histoires qui transparaissent dans vos romans précédents ?

Je n'envisage pas vraiment les choses de cette manière, mais cela ne signifie pas que ce ne soit pas le cas. Il y a clairement une sorte de somme de ce que j'ai appris à propos de la Grèce ces dix dernières années. Durant cette période j'ai étudié la langue de manière intensive, j'y ai acheté une maison, j'ai commencé à y passer plusieurs mois par an, j'ai travaillé en Grèce, je m'y suis fait des dizaines d'amis proches, et je suis devenue orthodoxe. Donc oui, d'une certaine manière, Ceux qu'on aime englobe une bonne partie de cette expérience.

Du coup, est-ce un roman de transition, le signe d'une nouvelle orientation future?

Je crois que Ceux qu'on aime a beaucoup de points communs avec mes premiers romans, du coup je ne le perçois pas comme étant une œuvre de transition. Beaucoup de périodes de l'histoire contemporaine grecque me stimulent intellectuellement et je compte bien les explorer dans de futurs titres, toujours dans la perspective de mettre en lumière des événements tapis dans l'ombre. La manne reste remplie, mais il est possible par contre que je m'y attaque d'une autre manière. Chaque roman doit – d'une certaine manière – constituer un ‘nouveau départ’. J'espère que mon écriture évolue à chaque nouvelle publication, c'est un peu comme la pratique du violon ou des échecs : on espère toujours s'améliorer.

  

 

Mon livre de chevet

Mon recueil de poésie de Constantin Cavafy – édition bilingue – c'est une merveilleuse manière pour moi d'améliorer mon Grec ! Cavafy écrit à propos de la condition humaine avec tellement de force, d'honnêteté et originalité. C'est l'un des grands noms de la poésie grecque du 20e siècle.

Le livre qui m'a le plus touchée

La Porte Étroite d'André Gide.  C'est le premier livre que j'ai lu en français, j'étais alors adolescente. Cette histoire gravitant autour d'amours douloureux et de sacrifice m'a totalement captivée par son aspect tragique et son intensité. Je n'ai jamais oublié ce livre.

Le livre que j'adore offrir en cadeau 

Écriture : Mémoires d'un métier de Stephen King. J'ai offert ce livre à de nombreuses personnes qui me disaient vouloir écrire. En gros, Stephen King vous y explique comment vous y prendre. C'est le meilleur livre que je connaisse sur le sujet. 

Le livre que j’aimerais que l’on m’offre

Une première édition de La Peste de Camus !

Mon disque préféré

Sunscreen de Baz Luhrman : Un titre plein de bon sens et au message profond. Rien que ces quelques lignes en font – pour moi – une des chansons les plus essentielles que je connaisse : « Ne perds pas ton temps en jalousie inutile. Parfois tu as de l'avance parfois du retard. C'est une course de fond que tu pratiques finalement face à toi-même ». Voilà un conseil à suivre je pense.

Mon film préféré

Melancholia de Lars Von Trier. C'est très sombre… mais tellement réaliste.

 

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